Être hypersensible ou ultrasensible, c'est bénéficier d'un processus de sensibilité sensorielle fort. Ce trop-plein d'émotions ne fait pas des hypersensibles des êtres fragiles, mais des êtres profondément humains.
On les décrit comme des éponges émotionnelles, des personnes qui ressentent tout intensément, et souvent à leurs dépens. Les hypersensibles éprouvent parfois une réelle souffrance intérieure, des difficultés quotidiennes… mais ils possèdent aussi une créativité foisonnante.

L’hypersensibilité doit d’abord être comprise pour être mieux vécue.
Les 4 piliers de l’hypersensibilité
Théorisé par la psychologue et chercheuse Elaine Aron, le tempérament hypersensible, appelé «Sensory Processing Sensitivity» (SPS), est identifiable selon les critères suivants :
Empathie et réactivité émotionnelle
Sur-stimulation des sens
Traitement des informations en profondeur
Sensibilité exacerbée au subtil
Quand l’empathie et les sens deviennent souffrance
L’empathie est sans aucun doute la principale caractéristique définissant l’hypersensibilité. Une capacité naturelle, mais excessive, à «se mettre à la place des autres», à ressentir leurs affects… jusqu’à s’y perdre parfois. Si la recherche scientifique sur l’hypersensibilité reste encore assez mince, de récentes études menées par la psychologue américaine Elaine Aron ont montré que les personnes concernées disposaient d’une plus grande quantité de neurones miroirs.
Des neurones moteurs du système nerveux qui entrent en activité lors de l’accomplissement d’une action, mais aussi de l’observation. «Ce sont les neurones miroirs qui nous apprennent à mimer, à imiter, à comprendre, autrement dit, à apprendre. Dans une même logique de reflet, ils nous aident à ressentir ce que ressentent les autres», explique Anne-Carole Zbinden, hypnothérapeute et membre fondatrice de l’association «Les Hypersensibles», basée à Avenches, dans le canton de Vaud.
La réactivité émotionnelle serait en fait directement influencée par cet écho de pensées et sentiments d’autrui, eux-mêmes reflétés par ces trop nombreux neurones miroirs. Une empathie ressentie comme une souffrance – consciente ou inconsciente pouvant aller jusqu’à l’abstraction ou la mise en sourdine de ses propres émotions.
Très réceptifs au plan émotionnel, les hypersensibles le sont également lorsqu’il s’agit des sensations. Un son trop strident, une lumière trop agressive… Parmi les signes qui permettent de mettre le doigt sur cette particularité, une très forte vulnérabilité aux stimuli extérieurs. Une intériorité exacerbée et aussi des sens en alerte perpétuelle, au point qu’un bruit strident, une collègue un peu trop bavarde, une lumière crue de néon, sont vécus comme source de malaises.
Ces aléas, qui passent inaperçus pour la majorité des gens, se transforment en agressions qui épuisent le psychisme, puis l’organisme de façon somatique. Il est important alors de recadrer les événements passés, apprendre à choisir notre environnement et à savoir dire non, c’est-à-dire à poser des limites.»
Trouble psy ou type de personnalité?
On estime de 20 à 30 % le nombre de personnes concernées par l’hypersensibilité. Un chiffre considérable au vu des conséquences qu’elle engendre. Pourtant, la fatigue, le stress et le repli sur soi ne sont pas des «symptômes» à proprement parler. Souvent assimilée à tort à différentes maladies (dépression, bipolarité, trouble borderline), l’hypersensibilité est bien un type de personnalité, plus ou moins handicapante, mais qui n’est pas du ressort de la psychiatrie. «Ce sont de faux diagnostics, explique le Dr Paco Prada, psychiatre spécialisé dans les troubles émotionnels.
Évidemment, le tempérament hypersensible est bien exposé à des troubles tels que la dépression ou l’anxiété, mais il s’agit alors de conséquences liées à différents événements ou à une mauvaise gestion émotionnelle. La psychothérapie, ainsi que les TCC (thérapies cognitives et comportementales) ou l’hypnothérapie sont alors autant d’outils pour apprendre à mieux maîtriser, pas à pas, cette émotivité à fleur de peau.
Un potentiel créatif à exploiter pour se libérer
Parce que leurs émotions sont constamment sollicitées, les hypersensibles auraient un potentiel créatif plus élevé que la moyenne. Or, s’adonner à une activité artistique, quelle qu’elle soit, a plusieurs avantages. L’expression concrète des ressentis, en leur donnant forme, permet de les évacuer et de les sublimer. C’est le principe de l’art-thérapie, qui montre d’excellents résultats thérapeutiques.
Pour en savoir plus : Dans son ouvrage de référence The Highly Sensitive Person, publié en 1996, Elaine Aron a mis au point un test d’évaluation de l’hypersensibilité. Ce questionnaire est à consulter sur le site de l’association romande « Les Hypersensibles » (www.leshypersensibles.ch).
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